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Publié le 04 juin 2021.
François Dolveck est médecin, directeur médical du Samu 77, chef de service du département de médecine d’urgence et du pôle de médecine intensive au sein du groupement hospitalier sud Ile de France - Santé Pôle Melun. En 2013, à la suite de premières expériences en management de projets à l’hôpital puis avec l’Agence régionale de santé d’Île-de-France, il s’interroge sur son avenir professionnel : et si la médecine n’était pas son seul horizon ? Il rejoint alors l’EMBA de l’EDHEC, pour s’ouvrir de nouvelles perspectives. Quel a été l’impact du programme sur sa carrière de professionnel de santé ? Découvrez son parcours.
"Mon parcours est d’abord celui d’un médecin. Devenu médecin urgentiste, j’ai exercé en réanimation, aux urgences, en néonatalogie mais aussi comme médecin légiste – passant à chaque fois de nouveaux diplômes. Un jour, alors que je travaillais au SAMU 92 à l’Hôpital Raymond Poincaré, un accident est survenu : un patient de 40 ans est décédé d’une pathologie curable car l’établissement d’accueil ne disposait pas du plateau technique qu’il pensait pourtant avoir. À l’époque, nous n’avions aucune visibilité claire et structurée sur ce type d’informations, et les conséquences se sont révélées dramatiques. Une cellule de crise a été constituée, et mon chef de service m’a demandé de réfléchir à une solution. Aidé de deux collaborateurs, j’ai étudié les différentes approches possibles, et élaboré en dix-huit-mois un tout nouvel outil à destination des professionnels de santé : un annuaire détaillé de l’offre de soin, désormais connu sous le nom de Répertoire Opérationnel des Ressources (ROR). Cet outil a été immédiatement adopté par l’ensemble des médecins du service, révélant à quel point le besoin était fort. Cela a été ma première expérience de prise de hauteur sur les activités et l’organisation hospitalières."
"A la suite de ce premier projet, j’ai poursuivi mes activités de médecin comme auparavant. Mais un jour, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France m’a appelé. Ils avaient eu de bons échos du répertoire et souhaitaient le déployer à plus grande échelle dans la région : étais-je prêt à les accompagner ? J’ai d’abord hésité : la gestion de projet n’était pas mon véritable métier. Mais j’ai accepté. J’ai collaboré avec les Samu et services d’urgences d’Île-de-France, soutenu par une solide cheffe de projet Assistance à Maîtrise d’Ouvrage. Au fil d’un long travail normatif de description de l’offre de soin, nous avons construit l’outil, nous l’avons fait fabriquer par un éditeur de systèmes d’information, puis nous l’avons déployé. Depuis, il est devenu le référentiel national de tous les systèmes d’information de santé partagé, couvrant 60 % de l’offre de soin en France. Pour porter ce projet, nous avons dû inventer, avec l’ARS, une structure juridique dédiée. Parallèlement fort de cette expérience j’ai contribué à fonder le GRADES – Groupement régional d’appui au développement de la e-santé (2009), rattaché à l’ARS et dont je suis aujourd’hui le conseiller médical."
"A l’issue de cette expérience passionnante, des cabinets de consultants ont commencé à solliciter mon expertise. Peu à peu, je me suis demandé si je voulais réellement continuer à exercer comme médecin, ou si je voulais m’investir plus profondément dans ce type de projet. Pour faire le point sur ma carrière, j’ai fait appel à un conseil. Je lui ai expliqué que j’envisageais de faire un Master spécialisé de Direction de projet, afin de structurer ce que j’avais appris empiriquement et d’aller plus loin. Il m’a dit que je faisais fausse route ! En suivant un Master spécialisé, je risquais d’être formé par les mêmes personnes qui sollicitaient mon expertise au quotidien, ce qui n’avait pas de sens. À la place, il m’a conseillé de suivre un Executive MBA généraliste, afin d’être en capacité, si l’opportunité se présentait à terme, de prendre la direction de structures importantes. J’ai comparé les EMBA de différentes écoles prestigieuses, y compris l’EMBA de l’EDHEC. J’ai rencontré Denis Dauchy, le directeur du programme, et j’ai tout de suite apprécié l’atmosphère de l’école, cette ouverture d’esprit qui se perçoit immédiatement. Dès cette première rencontre, j’ai su que c’était la formation que je cherchais. J’avais une envie globale de faire bouger les choses dans ma carrière, de mieux m’exprimer professionnellement. À l’époque, je pensais m’éloigner pour de bon de l’univers hospitalier, mais un nouveau défi m’a fait changer d’avis : au cours de l’EMBA, on m’a proposé de rejoindre le Centre Hospitalier de Melun, qui faisait face à de nombreux dysfonctionnements organisationnels et que mon profil ouvert intéressait particulièrement."
"Ce que j’ai trouvé le plus passionnant avec l’EMBA de l’EDHEC, c’est le travail et le partage d’expérience avec les autres participants. En tant que professionnel de santé, cette confrontation avec des managers issus d’autres secteurs, y compris du monde de l’entreprise, m’a permis de basculer vers une culture nouvelle. Je pense souvent, par exemple, à ce camarade qui travaillait chez Amazon et qui me racontait son approche de la gestion des flux : en l’écoutant, je me voyais aux Urgences et je réalisais à quel point l’hôpital était en retard sur le monde ! Un autre membre de ma promotion travaillait pour le constructeur de bateaux Bénéteau, et m’a expliqué qu’ils devaient parfois construire 4 bateaux en un mois, et parfois un seul, à effectif constant. Comment s’organiser dans ce contexte ? Cette question faisait écho à mes propres défis organisationnels, son expérience m’intéressait donc beaucoup. Ces échanges ont été profondément inspirants. Ils m’ont permis de comprendre qu’il ne fallait jamais s’interdire de nouveautés. Avec l’EMBA, j’ai le sentiment d’avoir fait sauter des carcans et décloisonné ma vision. J’ai beaucoup gagné en liberté : c’est exactement ce que je venais chercher."
"Ce que j’ai appris à l’EMBA en matière de gestion financière et de comptabilité me permet aujourd’hui de dialoguer avec d’autres fonctions, ce qui est d’une grande valeur. J’ai aussi apprécié tout le travail réalisé sur la posture et le positionnement du manager, le lien avec les équipes. Moi qui jusque-là fonctionnait plutôt instinctivement, « en bon père de famille », j’ai appris à structurer ma méthode. À l’hôpital, on fait souvent la distinction entre management et médical, mais je suis convaincu que les deux dimensions sont indissociables : en tant que soignant de terrain je porte évidemment la dimension médicale de ma fonction, mais aussi un véritable leadership – je dois être capable d’emmener mes équipes, de collaborer efficacement avec les directeurs d’hôpitaux, de construire le futur. Ma feuille de route à l’hôpital de Melun était notamment de réintégrer l’ensemble du département de médecine d’urgence dans la structure globale. La culture urgentiste en particulier, est une culture d’électrons libres : les urgentistes ont la réputation d’être très en autonomie. Il s’agissait donc d’un vrai travail de leadership, et ce que j’ai appris au fil de l’EMBA m’a permis d’avancer efficacement sur ce sujet."
"Il est passionnant pour des professionnels de santé de suivre un EMBA comme celui de l’EDHEC car, malgré certaines préconceptions, la santé n’est pas un secteur isolé. Elle est un secteur d’application comme un autre : nous rendons un service et nous sommes un écosystème composé d’acteurs très diversifiés, publics ou privés. Nous pouvons mettre en pratique des raisonnements fondés sur la performance, ou des méthodes de gestion de projet ou d’innovation venus du monde de l’entreprise. En disant cela, je suis encore considéré comme un OVNI par nombre de mes pairs, mais je suis convaincu. Si l’EDHEC a lancé son EMBA avec parcours de spécialisation Healthcare Innovation & Technology, en partenariat avec l’UTC, c’est précisément parce qu’en tant que professionnels de santé nous avons beaucoup à apprendre sur le plan de l’innovation organisationnelle et technologique. Une révolution reste à mener. La dématérialisation par exemple, permet de se projeter sur des supports et approches novatrices. L’ouverture et l’accès à l’information pour le public est également un sujet d’avenir clé, même si de nombreux médecins y sont encore réfractaires. Je travaille aujourd’hui sur une application inspirée de certains outils développés dans la grande distribution, qui permettra d’afficher le niveau de tension dans les services d’urgence de toute la région. C’est un nouveau service rendu aux patients et, au-delà, un véritable changement de mentalité."
Pour en savoir plus sur l’Executive MBA et son parcours de spécialisation Healthcare Innovation & Technology (HIT), contactez-nous : [email protected]